« Le suicide fait partie des causes de décès évitables. En France [comme en Belgique], le suicide est un enjeu majeur de santé publique.
Les tentatives de suicide font peser un lourd fardeau en raison de l’utilisation des services de santé pour soigner les blessures, de leur impact psychologique et social sur la personne concernée et ses proches et, parfois, de l’invalidité à long terme qui résulte des blessures […]. Les enjeux d’une amélioration des pratiques professionnelles de prévention et de prise en charge des tentatives de suicide des enfants et des adolescents sont une réduction de la fréquence des passages à l’acte, une réduction de la mortalité évitable, une réduction des handicaps et des incapacités, et une diminution des réitérations.
L’objectif de ce travail [réalisé par la Haute Autorité de Santé en France] est l’élaboration de recommandations dans le but d’améliorer le repérage, l’évaluation, la prise en charge et le suivi des enfants et adolescents suicidants et à risque suicidaire […]
Les recommandations sont destinées aux intervenants du secteur sanitaire, social et médico-social, de l’Éducation nationale et du secteur associatif notamment : médecins généralistes, médecins scolaires, infirmières scolaires, urgentistes, infirmières d’accueil des urgences, psychiatres, infirmières de psychiatrie, psychologues, pédiatres, pharmaciens, éducateurs spécialisés, assistantes sociales…
La liste des questions auxquelles les recommandations devront répondre, pour les enfants et adolescents suicidants et à risque suicidaire, est la suivante :
‒ Quels sont les principes généraux pour le repérage, la prise en charge et le suivi ?
‒ Comment repérer ? Avec quels outils ?
‒ Comment évaluer ?
‒ Comment prévenir le passage à l’acte ?
‒ Quelle prise en charge ?
‒ Quel suivi ? ».
Parmi les recommandations énoncées, épinglons celle qui recommande « que l’ensemble des actions, stratégies et pratiques de prévention des idées et conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent soient guidées, depuis leur conception jusqu’à leur mise en œuvre, par quatre principes généraux […].
- Le principe de globalité, qui se décline en quatre approches complémentaires :
- l’approche multidisciplinaire : mobilisation de l’ensemble des champs de savoir pertinents, comprenant notamment les sciences biomédicales, les sciences humaines et les savoirs expérientiels ;
- l’approche multimodale : combinaison des types et modalités d’intervention (par exemple, action de communication, facilitation de l’accès aux soins, etc.) ;
- l’approche multisectorielle : mobilisation et mise en complémentarité des différents secteurs impliqués (notamment sanitaire, médico-social, socio-éducatif et associatif) en respect des compétences et responsabilités de chacun ;
- l’approche multiniveau : combinaison des interventions de portée universelle (qui concerne la population générale), sélective (qui concerne les groupes à risque) et ciblée (qui concerne les personnes déjà touchées).
- Le principe de proactivité, qui vise à pourvoir aux besoins des enfants et des adolescents suicidaires ou suicidants tout en prenant acte de leurs possibles difficultés à exprimer ces besoins. Le principe de proactivité se décline en :
- la délivrance systématique d’une réponse adaptée, que l’enfant ou l’adolescent manifeste ou non sa motivation et son investissement ;
- une visée maximaliste dans les réponses apportées ; ‒ la mise en œuvre de stratégies d’aller-vers ;
- un effort de repérage et d’orientation soutenu faisant systématiquement prévaloir l’intérêt des enfants et des adolescents suicidaires ou suicidants ;
- le maintien du lien avec les enfants et les adolescents suicidaires ou suicidants en amont et en aval de leur prise en soin ; ‒ dans les circonstances les plus critiques, la protection des enfants et des adolescents suicidaires, y compris malgré leur avis.
Le principe de proactivité s’accompagne nécessairement d’une mise en balance avec les risques d’intrusion ou d’atteinte aux libertés, dans une attention constante à ce que les interventions menées soient justement proportionnées aux besoins.
- Le principe développemental qui se traduit par :
- la reconnaissance des enjeux pronostiques particuliers de la crise suicidaire de l’enfant et de l’adolescent et des interventions à conduire pour y répondre ;
- un effort systématique d’adaptation des modalités de repérage, d’orientation, de protection et d’intervention au développement psycho-affectif, cognitif et comportemental des enfants et des adolescents.
- Le principe écosystémique selon lequel le repérage, l’orientation ainsi que les mesures de protection et d’intervention dédiées à la prévention des idées et conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent devraient systématiquement intégrer l’environnement relationnel et social (notamment scolaire), avec une attention particulière aux parents et à la famille proche».
Plusieurs documents de synthèse ont été produits dans le cadre de ces Recommandations de bonnes pratiques :
Ils sont accessibles (au format pdf) en cliquant ici.