Les traumatismes sont la 3ème cause de mortalité générale. Parmi ceux-ci, nous retrouvons un taux de 71% de traumatismes non intentionnels. Ils comprennent les accidents de la route, les empoisonnements, les chutes, les brûlures, les noyades, ainsi qu’une catégorie reprenant toutes les autres causes possibles. Les traumatismes intentionnels reprennent, eux, les suicides, la violence, les conflits civils et de guerre, ainsi que toutes les autres causes possibles.
La mortalité par accident de la route est près de 2 fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. Ces accidents représentent 24% de tous les décès par traumatisme au niveau mondial.
Près de 10% de tous les décès par traumatisme sont causés par une chute accidentelle. Plus de 50% des chutes sont recensées chez les personnes de 70 ans et plus. Parmi celles- ci, les femmes sont plus à risque.
En 2008, 782014 personnes se sont suicidées; ce nombre correspond à 15% de décès par traumatisme. Plus de 30% des suicides se produisent chez les 15-29 ans.
Le coût relatif aux traumatismes est très différent d’un pays à l’autre, et d’un traumatisme à l’autre. En tenant compte de tous les pays, le coût moyen par traumatisme est de US $ 3536, avec une part moyenne de coûts indirects de 71%. [2]
En ce qui concerne les chutes chez les personnes âgées, le coût moyen suite à un décès varie de 2000 à US $ 26 000 ; lors d’une hospitalisation, il varie de 5500 à environ US $ 43 000. [3]
Aux Etats-Unis, selon le National Safety Council, les coûts globaux reprennent l’argent dépensé suite au traumatisme, mais aussi les revenus non perçus par les personnes traumatisées. Pour les accidents de la route, en 2012, cela correspondait à près de US $ 500.000 par décès et près de US $ 100 000 par blessure invalidante. [4]
Au niveau mondial, le coût économique des accidents de la circulation et des traumatismes qu’ils engendrent est estimé à 1 % du produit national brut (PNB) dans les pays à faible revenu, 1,5 % dans les pays à revenu intermédiaire et 2 % dans les pays à revenu élevé. Le coût mondial est estimé à environ US $518 milliards par an. Pour les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, ce coût se chiffre à US $65 milliards. [5]
Dans les pays à faible et moyen revenu, le coût d’un traumatisme, quel qu’il soit, varie de US $ 14 à US $ 17400.
Par exemple, en Afrique, le coût de la prévention des traumatismes coûte de US $ 10,9 pour l’installation de dos d’âne, à US $ 17000 pour des campagnes de prévention des accidents de la route et l’utilisation d’éthylotests. [6]
Chez les 0 à 19 ans
Grâce aux progrès réalisés dans divers domaines de la santé infantile mais aussi à l’amélioration de la qualité de la collecte des données, nous pouvons observer une augmentation croissante du nombre de décès. La prévention dans ce domaine est donc primordiale.
Chaque année, 830 000 enfants meurent des suites d’un traumatisme non intentionnel. Les accidents de la route et les noyades sont responsables de près de 40% de ces décès.
Sources : Organisation Mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la prévention des traumatismes chez l’enfant : résumé, Genève, 2008 – World Health Organization. World Health Statistics, disponible sur : http://www.who.int/gho/publications/world_health_statistics/en/index.html
En plus de ces décès, des dizaines de millions d’enfants sont hospitalisés avec des blessures non mortelles. Les accidents de la route et les chutes sont les principales causes de handicap chez les enfants.
Il existe des inégalités en fonction des revenus. Le taux de décès d’enfants suite à un traumatisme est plus élevé dans les pays à faible ou moyen revenu, et ce, pour toutes causes. Par exemple, les décès suite à une brûlure par le feu sont 11 fois plus élevés dans les pays à faible ou moyen revenu. Pour les noyades, les décès sont 6 fois plus élevés.
Sources : Organisation Mondiale de la Santé, Rapport mondial sur la prévention des traumatismes chez l’enfant : résumé, Genève, 2008 – World Health Organization. World Health Statistics, disponible sur : http://www.who.int/gho/publications/world_health_statistics/en/index.html
Afin de limiter ces traumatismes, des stratégies de prévention sont continuellement remises à jour par les différents pays. Ces stratégies doivent tenir compte de l’âge et du stade de développement de l’enfant car ceux-ci, avec des aptitudes et des comportements différents, sont exposés à un plus grand risque que les adultes. Dans les pays à haut revenu, depuis les 3 dernières décennies, ces stratégies ont permis de réduire les décès de 50%.
[1] Organisation Mondiale de la Santé (OMS)World Health Organization. World Health Statistics, disponible sur : https://www.who.int/publications/i/item/9789241563710, consulté le 17 avril 2014.
[2] Nilsen P, Hudson D, Lindqvist K., Economic analysis of injury prevention–applying results and methodologies from cost-of-injury studies, Int J Inj Contr Saf Promot. 2006 Mar;13(1):7-13. »
[3] S. Heinrich, K. Rapp, U. Rissmann, C. Becker, H.-H. König, Cost of falls in old age: a systematic review, Osteoporosis International, June 2010,
Volume 21, Issue 6, pp 891-902.
[4] National Safety Council, Estimating the Costs of Unintentional Injuries, disponible sur https://injuryfacts.nsc.org/all-injuries/costs/societal-costs/
[5] Peden M. et al, Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation : résumé, disponible sur http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/42927/1/9242591319.pdf
[6] Wesson HK, Boikhutso N, Bachani AM, Hofman KJ, Hyder AA, The cost of injury and trauma care in low- and middle-income countries: a review of economic evidence, Health Policy Plan. 2013 Oct 4.
Les 5 causes des traumatismes non intentionnels
Pour chacune des 5 causes, nous reprenons la définition, l’épidémiologie mondiale, les facteurs favorisant ces divers traumatismes, ainsi que les stratégies de prévention qui ont déjà prouvés leur efficacité.
On entend par accident de la circulation une collision, ou un autre incident survenant sur une voie publique, et impliquant au moins un véhicule en mouvement; par traumatisme dû à un accident de la circulation, on entend un traumatisme mortel ou non résultant d’un accident de la circulation.
Ils sont la cause principale des décès des 10-19 ans. Ces traumatismes se produisent pour 93% des cas dans les pays à bas ou moyen revenu.
LES CAUSES :
- L’âge et le stade de développement de l’enfant;
- Le sexe : les garçons sont plus exposés car ils sont généralement plus en recherche de sensations et ont donc plus rapidement un comportement à risque;
- Le type d’usager de la route:
- Les piétons : les plus jeunes enfants sont plus à risque car ils sont moins visibles (petite taille); ils sont également plus à risque car ils ont un plus faible développement cognitif. De plus, dans les pays à bas ou moyen revenu, les routes sont souvent des lieux de jeux pour les enfants.
- Les passagers : les adolescents et les jeunes adultes sont la population qui utilise le moins la ceinture de sécurité.
- Les cyclistes ou motocyclistes : le risque est beaucoup plus élevé dans les pays à bas ou moyen revenu. Le non-port du casque ou le type de voirie utilisée sont également des facteurs étiologiques.
- Les conducteurs : les nouveaux conducteurs de 16 à 19 ans sont plus avides d’expériences. Les facteurs favorisant les traumatismes sont la consommation d’alcool, la vitesse, l’absence de port de ceinture de sécurité, l’utilisation d’un téléphone portable ou d’un autre appareil.
- La pauvreté;
- La conception du véhicule : actuellement, les pare-chocs sont fabriqués de telle façon que le risque de traumatisme crânien est diminué chez les enfants. La présence de radars de recul est de plus en plus fréquente;
- L’environnement routier : l’augmentation de la circulation, la vitesse souvent favorisée par de longs tronçons routiers, l’aménagement de la voirie;
- Le défaut d’accès à des centres de traitement et de réadaptation.
LES STRATÉGIES PROUVÉES COMME EFFICACES :
- Adopter (et appliquer) des lois fixant un âge minimum pour la vente d’alcool;
- Définir (et imposer) des taux d’alcoolémie maximums pour les conducteurs débutants, et faire preuve d’une tolérance zéro à l’égard des contrevenants;
- Utiliser des dispositifs de retenue et des ceintures de sécurité appropriés pour les enfants;
- Rendre obligatoire le port du casque en moto et à bicyclette;
- Prendre des mesures coercitives pour réduire la vitesse des véhicules aux abords des écoles, des zones d’habitation et des aires de jeux;
- Séparer les différents types d’usagers de la route;
- Adopter (et imposer) l’obligation d’allumer de jour les phares des deux-roues à moteur;
- Introduire des permis de conduire gradués.
La noyade est un événement au cours duquel les voies respiratoires d’un enfant sont immergées dans un liquide, ce qui bloque sa respiration. L’issue peut être fatale ou non, mais certaines noyades non fatales sont suivies de graves séquelles neurologiques.
On recense environ 450 décès et 900 personnes atteintes d’un grave handicap permanent suite à une noyade par jour dans le monde. Par an, entre 2 et 3 millions de victimes de noyade non mortelle ont moins de 15 ans.
LES CAUSES :
- L’âge et le stade de développement de l’enfant;
- Le sexe : les garçons ont généralement un goût du risque plus prononcé;
- La pauvreté;
- Le matériel de sécurité : absence de dispositifs de flottaison, mauvais entretien des étendues d’eau;
- Les transports dangereux : l’utilisation de ferry-boats surchargés et sans matériel de sécurité;
- L’alcool : un facteur présent le plus souvent chez les adolescents qui n’ont plus d’équilibre et de coordination correcte des mouvements;
- Le lieu :
- Dans les pays à bas ou moyen revenu, les noyades se produisent aux abords d’étendues d’eau aisément accessibles, lors de traversée de cours d’eau sur le chemin de l’école, ou lors de la collecte d’eau pour le bain, la lessive ou les corvées.
- Dans les pays à haut revenu, les noyades se produisent principalement au domicile ou à la piscine.
- Le climat : lors de contexte d’inondations ou de tsunamis.
- Les vacances : les enfants, qui sont dans un environnement non familier, ont davantage de contacts avec l’eau.
LES STRATÉGIES PROUVÉES COMME EFFICACES :
- Eliminer (ou couvrir) les collections d’eau dangereuses;
- Imposer le clôturage des piscines (sur quatre côtés);
- Imposer le port de dispositifs de flottaison individuels;
- Procéder immédiatement à une réanimation en cas d’accident.
Une brûlure se définit comme une lésion de la peau ou d’un autre tissu organique, causée par la chaleur. Elle se produit lorsqu’une partie ou la totalité des cellules de la peau ou d’autres tissus sont détruites par un liquide bouillant (ébouillantement), un solide chaud (brûlure par contact) ou une flamme (brûlure par flamme). Les lésions de la peau ou autres tissus organiques, dues à un rayonnement, à la radioactivité, à l’électricité, ainsi qu’à une friction ou un contact avec des produits chimiques, sont aussi considérées comme des brûlures.
En 2008, près de 50 000 enfants de moins de 15 ans sont décédés des suites d’une brûlure. Les personnes survivantes ont des séquelles physiques et psychologiques à vie.
LES CAUSES :
- L’âge et le stade de développement de l’enfant;
- Le sexe : les filles sont davantage touchées;
- Les conditions socio-économiques et la pauvreté;
- La dangerosité du matériel : les sources de chaleur, de lumière, et le matériel de cuisson facilement accessible;
- Les substances inflammables;
- Les feux d’artifice : dans les pays à faible ou moyen revenu, aucune loi ne les interdit;
- Les espaces pour cuisiner et les lieux de séjour;
- L’heure de l’incident : ils se produisent surtout en fin de matinée et vers l’heure du repas du soir.
LES STRATÉGIES PROUVÉES COMME EFFICACES :
- Promulguer (et faire appliquer) des lois sur les détecteurs de fumée;
- Mettre au point une norme pour des briquets résistants aux enfants;
- Promulguer (et faire appliquer) des lois sur la température des robinets d’eau chaude, et informer le public;
- Soigner les patients dans des centres de soins spécialisés.
On entend par chute un événement au cours duquel une personne est brusquement contrainte de prendre appui sur le sol, un plancher ou toute autre surface située à un niveau inférieur.
En 2008, près de 35.000 enfants de moins de 15 ans sont décédés des suites d’une chute.
LES CAUSES :
- L’âge et le stade de développement;
- Le sexe : les garçons sont plus à risque de chutes car ils font généralement plus d’activités à risque, des jeux violents. Cependant, au regard des statistiques, les filles décèdent davantage que les garçons suite à une chute;
- La pauvreté;
- Les enfants handicapés : les traumatismes suite à une chute sont plus importants chez les enfants handicapés, aussi bien intellectuels que physiques;
- L’environnement physique : les aménagements de la maison ou de l’extérieur ne sont pas toujours adaptés à l’enfant;
- L’environnement socio-culturel : dans les familles pauvres, les enfants sont davantage laissés sans surveillance et doivent parfois s’occuper d’autres enfants plus jeunes;
- Les accès au traitement et à la réadaptation.
LES STRATÉGIES PROUVÉES COMME EFFICACES :
- Mettre en œuvre des programmes communautaires très diversifiés tels que « Les enfants ne peuvent pas voler »;
- Redessiner le mobilier et autres articles pour crèches;
- Fixer des normes applicables aux aires de jeux, concernant l’épaisseur des revêtements de sol amortissants, la hauteur des divers appareils et leur entretien;
- Légiférer sur les garde-corps de fenêtres.
Un empoisonnement est une lésion cellulaire ou tissulaire, un trouble fonctionnel ou un décès causé par l’inhalation, l’ingestion, l’injection ou l’absorption d’une substance toxique ou « poison ». Les facteurs clés qui déterminent la gravité et l’issue d’un empoisonnement sont la nature, la dose et la formulation du poison ainsi que la voie d’exposition, la co-exposition à d’autres poisons, le fait que l’enfant s’est alimenté ou est à jeûn, son âge et ses affections préexistantes.
Près de 20.000 enfants de moins de 15 ans sont morts des suites d’un empoisonnement en 2008. Il n’existe pas de données mondiales sur les empoisonnements non mortels.
LES CAUSES :
- L’âge et le stade de développement;
- Le sexe;
- La pauvreté : les familles pauvres sont plus exposées car elles utilisent du pétrole lampant et du kérosène pour se chauffer ; certains vivent à proximité de lieux toxiques ; ils sont davantage susceptibles de consommer des aliments non comestibles;
- Les caractéristiques du poison : la taille, la couleur et la nature physique du produit peuvent influencer l’enfant. Par exemple, les liquides clairs et les comprimés de couleur vive sont plus attirants pour les enfants;
- Le stockage des agents et la facilité d’accès;
- La saison et les conditions météorologiques : l’été, les empoisonnements se produisent davantage par ingestion de liquides et l’hiver, ils font suite à l’exposition au CO ou à l’ingestion de sirop pour la toux;
- L’environnement socio-culturel : les jeunes parents, le défaut de surveillance, les déménagements fréquents, l’ignorance sur les dangers des produits;
- Les politiques, normes et législations : beaucoup de pays n’ont aucune loi régissant la fabrication, l’étiquetage, la vente le stockage et l’élimination des substances toxiques;
- L’accès à des services de santé appropriés.
LES STRATÉGIES PROUVÉES COMME EFFICACES :
- Eliminer l’agent toxique;
- Imposer une loi sur l’usage de conditionnements résistants aux enfants, pour les médicaments et les poisons, et les mesures d’application;
- Conditionner des quantités de médicaments non létales;
- Mettre en place des centres anti-poisons.
Avec le soutien de :
Un projet du plan de relance de la Wallonie